Dix ans plus tard, 2014 : L'âge d'or de la French Trap
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KOVU
9/12/2024
Dix ans plus tard, 2014 : L'âge d'or de la French Trap
Ecrit par KOVU
Ah, 2014 ! Que de souvenirs pour les fans de rap français. Cette année-là, le rap game était en ébullition, marqué par une diversité et une créativité débridées, surtout du côté de la trap. Avec des artistes qui faisaient des révélations fracassantes, des confirmations éclatantes et des surprises mémorables, 2014 reste gravée dans nos mémoires comme l'âge d'or de la French Trap. Cette période a vu l'émergence de nouveaux talents, la confirmation de certains artistes et des surprises qui ont façonné le paysage musical. Et n'oublions pas, c'était l'année la plus YouTube du rap français, avec une avalanche de clips chaque jour qui alimentaient une scène en pleine effervescence. Que de bons moments ! C'était une époque où chaque sortie de clip était un événement, où chaque morceau devenait une part de notre quotidien. Les beats lourds et les paroles authentiques ont résonné avec une génération entière, créant un mouvement culturel puissant et durable
Et comme souvent, tout part des US
Pour comprendre l'émergence de la French Trap, il est essentiel de replacer cette période dans son contexte musical et technologique. Aux États-Unis, la trap existe déjà depuis plus de dix ans, avec des pionniers comme T.I., Gucci Mane, et Rick Ross. Cependant, c'est au début des années 2010 que la trap américaine connaît une popularité mondiale avec des artistes comme Future, Migos, 2Chainz et Young Thug, influençant profondément la scène musicale internationale. C’était le début d’une nouvelle ère du Hip-Hop US.
Je me souviens encore de la première fois que j'ai entendu Purple Swag d’Asap Rocky : un son qui résonnait comme une révolution dans mes oreilles. On sentait que quelque chose de grand était en train de se produire. Le clivage East Coast et West Coast s'évanouissait, les bandanas rouges et bleus des gangs rivaux semblaient appartenir à une époque révolue.
Le rap américain avait pris racine dans des villes comme Chicago, Philadelphie ou encore Atlanta, inondant les ondes de sons puissants et novateurs. Qui peut oublier ces moments où l’on chantait à gorge déployée CoCo ou Cut It de O.T. Genasis, ou encore Love Sosa de Chief Keef, des hymnes qui faisaient vibrer chaque fête, chaque voiture qui passait avec les fenêtres baissées ?
En parlant de moments mémorables, j'ai une anecdote à partager sur le titre Fuck Up Some Commas de Future. J'étais en voyage scolaire en Pologne, et ce son était tellement rempli de bonnes vibes que même mon professeur de mathématiques l'écoutait avec nous dans le car. Imaginez une bande d'étudiants et leur professeur, tous réunis par la magie de la trap, à des kilomètres de chez eux, partageant un moment unique grâce à la puissance de cette musique. Et comment oublier No Lie de 2 Chainz et Drake, un autre morceau emblématique de cette époque révolutionnaire pour le rap et l'industrie musicale tout entière.
La France apprend vite
En France, les années précédentes ont été marquées par l'acceptation progressive de l'autotune et l'intégration de beats plus rapides et de sonorités électroniques dans la musique, pas seulement dans le rap mais aussi dans la pop et l'électro. Cette évolution pressentie par Booba dans le projet Autopsie 4 en 2011 a préparé le terrain pour la French Trap. Des albums comme Futur de Booba en 2012 avec des titres iconiques comme Kalash en featuring avec Kaaris, ou encore Or Noir de Kaaris et Tokyo d'Ateyaba en 2013 ont démontré que des Français pouvaient non seulement faire de la bonne trap, mais aussi créer un univers qui résonnait avec les jeunes des quartiers populaires..
En 2014, la consommation de musique connaît un véritable tournant. Les streams ne sont pas encore comptabilisés dans les certifications, et les plus gros vendeurs de l'époque, comme Booba et Gims, peinent à remplir des salles plus grandes que des Zéniths. Le rap représente moins de 20% des programmations de festivals, même ceux qui se veulent plus Hip-Hop aujourd'hui comme We Love Green ou Les Ardentes. Le streaming est encore balbutiant, avec moins de 50 millions d'utilisateurs sur Spotify dans le monde, contre plus de 600 millions aujourd'hui. En revanche, 62% des Français sont inscrits sur Facebook, et les plateformes comme YouTube, Facebook, et Twitter deviennent les principales vitrines pour les artistes.
La diffusion de la musique passe de plus en plus par les réseaux sociaux et les plateformes de vidéos. À cette époque, pour partager sa musique, il faut une vidéo, travaillée ou non. Le rap se consomme encore de manière collective : moins de smartphones, plus de son partagé dans les voitures à fond. Une vidéo de freestyle tournée dans un parking peut ainsi faire des millions de vues en quelques heures, aidant la trap et les artistes de cette année à exploser.
La French Trap, c'est l'arrivée d'une nouvelle vague d'énergie brute et de rythmes entraînants qui ont dynamité le paysage musical. Ce sous-genre du rap, originaire des quartiers populaires, s'est nourri de l'influence américaine tout en y ajoutant une touche bien française, avec des textes souvent sombres et réalistes, mais aussi pleins de fierté et d'égo trip. La trap a apporté une nouvelle esthétique sonore, marquée par des beats lourds, des basses profondes et des flows tranchants, qui ont immédiatement séduit une jeunesse en quête de nouveaux repères musicaux.
Elle a su captiver une jeunesse en quête d'authenticité et de nouvelles sonorités. La viralité des plateformes numériques a également joué un rôle crucial en permettant aux artistes de trap de diffuser rapidement leur musique à un large public, propulsant ainsi le genre au rang de phénomène mondial. Avec l’avènement des plateformes de streaming comme YouTube et SoundCloud dans les années 2010, la trap a bénéficié d'une diffusion rapide et d'une accessibilité accrue. Les clips vidéo et les morceaux pouvaient être partagés massivement, permettant aux artistes de toucher un large public sans les canaux traditionnels de l'industrie musicale.
2014, l'année phare de la FRENCH TRAP
Parmi les révélations de cette année, XVBARBAR s'est imposé avec des titres percutants comme Pris pour cible et Catchup. Leur collaboration avec Niska sur Carjack Chiraq en 2015 a solidifié leur statut. Cependant, le groupe a connu des chemins différents par la suite, avec CHEU-B se démarquant grâce à des titres comme Tommy Egan et 95, tandis que d'autres membres ont poursuivi leur propre chemin sans connaître le même succès.. Et que dire de Gradur ? Avec son Projet SHEGUEY, il a secoué la scène avec des titres comme Dani Alves (Sheguey 8), sans oublier sa reprise de LMLVSB de Booba dans Sheguey 2. Son ascension s'est confirmée avec l'album L’Homme au bob et le célèbre titre Terrasser. Il a su capitaliser sur son buzz pour décrocher un featuring payant avec Chief Keef, même si ce dernier a fini par le clasher dans son propre son..
Pendant que ces nouveaux talents explosaient, des artistes déjà bien établis confirmaient leur suprématie. Kaaris a continué de régner avec Or Noir Pt. 2 et des morceaux puissants comme S.E.V.R.A.N, Chargé et Pablito. Joke, même si ses ventes n'ont pas été folles, nous a offert un album mémorable avec ATEYABA, comprenant des titres comme Majeur en l’air, Miley, Jen Selter et Venus. Lacrim, avec des titres percutants tels que Mon Glock te mettra à genoux, On fait pas ça (featuring Lil Durk), et AWA (featuring French Montana), a solidifié sa place dans le rap game. Niro, avec Miraculé et des morceaux comme Vivastreet et La mort ou Tchichi, a confirmé sa position sur la scène rap.
L'année 2014 a aussi été riche en surprises ! Le groupe MZ a captivé le public avec MZ Music Vol 3.5, comportant des morceaux comme Tiep bou dien, Bratatata et Lune de fiel. Le groupe composé de Dehmo, Hache-p et Jok’air a su attirer un public jeune avec des titres très sensuels et souvent vulgaires. Dosseh a frappé fort avec Coup du patron, tandis que Lino, avec son album Requiem et des titres comme Suicide commercial et 12ème lettre, a prouvé qu'il était toujours au sommet.
Alonzo, avec son EP La Belle Vie et des morceaux comme La Belle Vie les Zin, a été une révélation.
Soprano, avec Cosmopolitan, a brisé les codes du rap traditionnel pour nous offrir un album plus urbain et varié, avec des hits comme Ils nous connaissent pas. Guizmo, avec Dans ma ruche et des titres comme André, Dans 10 ans et Muselière, a ravi les fans. La Team BS, avec des hits comme Case départ et Ma vérité, a montré toute l'étendue de son talent collectif. Et comment oublier Jul ? Avec son album Dans ma paranoïa et des titres comme Sort le cross volé, C’est trop, et le morceau éponyme de l'album, il a confirmé son ascension fulgurante.
Une année charnière pour l'émergence des jeunes talents dans le rap
2014 a laissé une empreinte indélébile dans nos cœurs et continue d'influencer le rap français d'aujourd'hui. La trap française a apporté une nouvelle énergie, une nouvelle voix à une jeunesse en quête de changement. Elle a offert une plateforme à des artistes qui, avec leurs histoires et leurs beats, ont touché une génération. On peut dire que l'expansion de la French Trap a décomplexé beaucoup de jeunes qui faisaient du rap secrètement dans leur chambre. Ils ont aussi compris que le rap pouvait rapporter énormément d'argent, bien plus qu'avant, et qu'il était possible d'en vivre. Le hasard a bien fait les choses, car cette période a coïncidé avec la facilité d'accès aux studios, l'arrivée de beatmakers français talentueux et l'émergence de labels indépendants au sein des grands groupes leaders de l'industrie musicale.
Grâce à la réussite et à l'acceptation de la French Trap, des talents comme Ninho, Hamza, Koba LaD, Zola, SDM, PLK et 13Block ont pu s'affirmer plus facilement et prendre leur place sur la scène musicale. En effet, la trap a rapidement évolué au point de s’adapter aux tendances et aux préférences du public. Alors, levons nos verres à 2014, l'année où la trap française a brillé de mille feux et ouvert la voie à une nouvelle vague de talents.